Réseaux sociaux

Faciliter la compréhension de la diversité chez les jeunes enfants

18 juin 2018

par Terri Mitchell, administratrice des programmes d’éducation spécialisée au Canyons School District, Sandy, Utah

La sensibilisation à la diversité est un facteur continu dans la vie de tout jeune enfant, cependant, elle a une signification unique pour les enfants à besoins spéciaux. Au fur et à mesure qu’ils grandissent et se développent, ces enfants expérimen­teront la vie différemment des enfants qui se développent de façon dite normale. Les enfants à besoins spéciaux peuvent faire face à des défis considérables, soit une déficience phy­sique, trouble de la communication ou des retards sociaux ou émotionnels. Dans cet article, nous examinerons comment les jeunes enfants à besoins spéciaux acceptent la diversité. Dans le programme pédagogique HighScope, la diversité se trouve sous la catégorie études sociales et humaines en tant qu’indi­cateur développemental clé (IDC) 53 : Les enfants compren­nent que les gens ont des caractéristiques, des intérêts et des habiletés divers.

Dans un groupe d’âge préscolaire, on trouve plusieurs dif­férences et similitudes parmi les enfants. Les similitudes de base peuvent inclure les intérêts des enfants, tels que les jeux qu’ils affectionnent, leurs chansons préférées, leurs activités de mouvements favorites et leurs interactions sociales. Les différences de base peuvent inclure la taille, la couleur de cheveux ou de la peau, les styles de communication, les niveaux d’expériences sociales, la compétence d’exprimer des besoins et des désirs et les comportements sociaux. Au fur et à mesure que les enfants commencent à reconnaitre les différences et les similitudes, ceux­-ci font leur premier pas vers la compréhen­sion de la notion de la diversité. Les enfants apprennent à voir les similitudes et les différences de façon positive et naturelle à travers les réactions et les interactions des adultes qui les sou­tiennent.

Hannah et Jeremy

Voyons le scénario avec Hannah, qui a 3 ans. Hannah a une déficience physique et cognitive importante. Cette déficience l’empêche de se mouvoir et requiert un siège adapté et un fauteuil roulant pour se déplacer. Hannah n’utilise pas encore de mots pour dialoguer, mais est capable de communiquer ce qu’elle aime et n’aime pas avec des expressions faciales et des mouvements corporels. Dans ce scénario, nous sommes à la période d’action. Hannah est dans son siège adapté près du coin blocs et regarde les enfants faire des constructions et les faire tomber. Chaque fois que les blocs tombent, elle sourit et rit doucement et ses jambes et bras bougent. Jeremy remarque ceci et dit à l’adulte près de lui que Hannah aime aussi les blocs comme lui. L’adulte voit l’opportunité de discuter de quelques similitudes entre Jeremy et Hannah. L’adulte reconnait l’ob­servation perspicace de Jeremy et confirme que Hannah aime les blocs qui tombent et se demande s’ils ont d’autres choses en commun. Pendant que Hannah continue à réagir avec des sourires et des mouvements, Jeremy et l’éducatrice ont une discussion à propos de ce qui amuse les deux enfants. Jere­my et Hannah découvrent qu’ils aiment rire, bouger avec la musique, être dehors et évidemment regarder tomber des blocs. Ceci devient une interaction importante pour les deux enfants. Jeremy apprend qu’il peut rentrer en contact avec Hannah avec des choses qu’ils aiment tous les deux. Hannah apprend qu’elle peut faire confiance à Jeremy et se sent plus confortable avec lui du fait qu’ils partagent cette expérience.

Reconnaitre les différences et similitudes fondamentales

En tant qu’adulte, il en va de notre responsabilité de soute­nir les enfants lorsqu’ils commencent à dialoguer et partager leurs expériences face aux choses qu’ils aiment faire et qu’ils sont capables de faire. En portant attention aux enfants et en leur communiquant que ce qu’ils font a de la valeur, les adul­tes soutiennent et encouragent les enfants à se sentir bien à propos d’eux­-mêmes, à reconnaitre qui ils sont et ce qu’ils peuvent accomplir.

Lorsqu’ils reconnaissent les différences entre eux­-mêmes et les autres, les jeunes enfants remarquent souvent en premier lieu la différence dans la communication et dans les comportements. J’ai entendu de jeunes enfants qualifier d’autres en­fants de « bébés » en disant, par exemple, « Il ne parle pas. » La manière dont l’adulte soutient la conversation à propos de simples différences de la sorte peut avoir un impact sur la perception qu’aura l’enfant et l’acceptation ou la non­-accepta­tion de celui­-ci face à ses collègues de groupe. En expliquant que certains enfants « parlent » en utilisant des images, leurs mains (langage des signes) ou des gestes, l'adulte aide tous les enfants à comprendre que malgré les différences en communication, tous ont néanmoins une façon de communiquer leurs besoins et désirs.

Les différences comportementales peuvent être un défi pour les adultes, mais peuvent l’être également pour les jeunes en­fants qui éprouvent de la difficulté à les comprendre ou s’y identifier. Dan Gartrell précise : « Lorsque je comprends, j’ac­cepte que chaque enfant mérite tout le temps qu’il ou qu’elle a besoin. Parce que j’accepte ce qui est, je mets mon énergie à enseigner efficacement et non à lutter contre la réalité, soit que des enfants ne sont que des enfants » (Gartrell, 2003). Cette approche s’applique aussi lorsque nous aidons les enfants à comprendre les similitudes et les différences avec leurs pairs, qui peuvent avoir de la difficulté avec l’autorégulation ou la com­pétence émotionnelle. En assurant du soutien au envers certains comportements, tout en soutenant une diversité de besoins, nous pouvons aider les jeunes enfants à accepter que leurs pairs sont en train d’apprendre et de grandir, tout comme eux.

Le fait qu’Abby crie et lance des objets au sol, puisqu’elle a de la difficulté avec les transitions, peut l’isoler de ses pairs et mitiger leur compréhension de ses besoins. Parfois, les adultes deman­dent aux pairs d’ignorer les enfants qui ont des défis compor­tementaux, en disant quelque chose comme : « Elle va bien... concentrez­-vous sur ce que vous devez faire. » Cependant, en comprenant les besoins et le développement d’Abby, l’adulte peut soutenir ses pairs en les aidant à comprendre leurs simili­tudes de base, soit les choses qu’ils peuvent avoir en commun avec Abby. « As­-tu déjà eu une journée triste ? As­tu déjà pleu­ré à cause de quelque chose de difficile ? Parfois, lorsqu’on a une journée triste, on pleure. Abby nous fait juste savoir qu’elle est triste. »

Ainsi, les adultes favorisent une conversation positive autour du fait que les gens sont pareils et/ou différents d’eux. Les adultes partagent leurs observations d’attributs ou d’accom­plissements spécifiques sans définir qu’un est meilleur que l’autre. Par exemple, « Tu es un superbe fabricant de muffins, j’adore les muffins que tu fais! Moi, je n’aime pas cuisiner, mais j’aime jardiner.» De cette façon, les adultes démontrent aux enfants l’acceptation des différences de manière positive.

Être conscient des opportunités que nous avons de soutenir les jeunes enfants lors de discussions des similarités et des différences de base aide à développer une communauté d’accep­tation et de respect. Et ce type de communauté est un endroit merveilleux où l’on peut apprendre et grandir !


Références
Gartrell, D. (2004). The power of guidance. Clifton Park, NY: Delmar Learning/Cengage ; Washington, DC. National Association for the Education of Young Children (NAEYC).

 


 

L'auteure

Terri Mitchell est consultante pour HighScope et elle occupe le poste d’administratrice de l’éducation à la petite enfance au Canyons School District à Sandy, dans l’Utah. Auparavant, elle était spécialiste en éducation au centre de formation professionnelle de l’Utah, où elle dirigeait la formation continue pour les classes de la petite enfance pour tout l’État de l’Utah. Elle est diplômée en éducation spécialisée ainsi qu’en éducation à la petite enfance. Elle a mis son expérience au service de la formation, de l’évaluation, de la mise à jour de systèmes et au développement de plusieurs programmes pédagogiques de la petite enfance. Elle est une des auteures du livre I Belong : Active Learning For Children With Special Needs (HighScope Press).