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Incorporer les champs d’intérêt des garçons pendant et au-delà de l’activité de rassemblement

28 août 2018

Par Sandy Slack et Gerin Martin

Histoire vécue

Souvent, les champs d’intérêt des garçons mènent à des activités qui sont amusantes et bénéfiques pour tout le monde dans le groupe. Par exemple, pendant une de nos activités de rassemblement, tout le groupe s’est beaucoup amusé à marcher lourdement comme des dinosaures et à s’étirer vers la cime des arbres en s’imaginant comment les dinosaures bougeaient dans un marécage. En revanche, lorsque nos garçons ont découvert les fusils, nous nous sommes retrouvées avec beaucoup de jeux de fusils dans notre local et avons été troublées par la multiplication des imitations de coups de feu réalisés par les garçons, au gré de leur imagination, à l'aide de leurs doigts, de bâtons et de tout autre jouet pouvant être courbé, raccordé ou façonné en forme de fusil.

Notre tendance naturelle a d'abord été de les distraire ou de tenter d'éviter que cet intérêt se propage dans le reste du groupe. Toutefois, plutôt que de bannir ce type de jeu, nous sommes demeurées déterminées à appliquer notre stratégie de soutenir les champs d’intérêt des garçons et nous avons entrepris d'inviter un policier à nous rencontrer pendant une activité de rassemblement.

D'abord, nous avons trouvé des livres traitant et illustrant à la fois des policier et des policières en service et exécutant une variété d’actions, comme diriger la circulation, intervenir en cas d’accidents et patrouiller à pied. Puis, nous avons demandé à une personne-ressource du service de police de nous rendre visite. Quelques jours avant cette visite, nous avons demandé aux enfants ce qu’ils aimeraient savoir à propos du travail de policier et avons ensuite discuté avec l’officier Johnson et lui avons remis la liste des questions des enfants.

Rendre visite à notre groupe a été une expérience très inhabituelle pour l’officier Johnson! Il n’avait jamais dû auparavant faire face aux questions d’un groupe d’enfants. Ces derniers lui ont, par exemple, demandé s’il avait une voiture de police et s’il voudrait faire fonctionner la sirène (oui et oui.) Ils se sont informés sur ce qu’il aime manger et sur l'heure à laquelle il prend ses repas. Et, effectivement, ils ont discuté avec lui de son fusil.

C'est toutefois sa ceinture qui s'avéra être la meilleure partie du « spectacle ». Les enfants ont voulu savoir à quoi servait chaque article accroché à cette ceinture. L'agent Johnson a répondu à toutes leurs questions avec plaisir. Il leur a confié qu’en quinze ans de service, il n’avait jamais sorti son fusil de son étui pendant son travail. Bien sûr, il a toutefois ajouté qu’il devait se pratiquer régulièrement au cas où il en aurait besoin. Finalement, le point culminant de la visite pour les enfants a été d’avoir le privilège d'entendre résonner le cri de la sirène dans le stationnement du centre et de s’asseoir, à tour de rôle, sur la banquette arrière de la voiture de patrouille.

Après la visite de l’officier Johnson, nous avons apporté de la maison de vieilles ceintures et sommes allées chez un serrurier pour nous procurer de vieilles clés et des anneaux. Nous avons demandé à un papa qui travaillait en construction de nous apporter de petits blocs de bois. Pendant la période de travail la semaine d’après, les enfants étaient concentrés à fabriquer des walkies-talkies avec les petits bouts de bois et des ceintures remplies de « trucs » suspendus. La fabrication de cibles et la séance d’entraînement au tir ont été des activités très populaires auprès de tous les enfants. Des contraventions pour excès de vitesse ont été données dans le coin blocs, tandis que des officiers en service s’occupaient d’accidents sur les voies ferrées ou sur les routes fabriquées de blocs. Des officiers ont fréquenté des restaurants dans le coin maison : les billets et pièces de monnaie destinés à payer la nourriture et les contraventions ont été créés dans le coin art.

Lorsque des problèmes d’officiers trop agressifs surgissaient dans le local, nous pouvions « arrêter l’action » et rappeler la conférence de l’officier Johnson pour régler le problème de manière plus efficace. Par exemple, dès le départ, nous avons dû faire face au problème des fusils pointés en direction d’autres enfants. Toutefois, les enfants ont rapidement contribué à fixer des limites, à délimiter le champ de tir avec du ruban à gommer, à dessiner des cibles et des « méchants » sur lesquels les tireurs pouvaient simuler leurs tirs, et ils se sont mis d’accord sur perte du permis de port d'arme comme sanction si un enfant visait les enfants ou les éducatrices.

La visite de l’officier Johnson nous a aidées à mieux illustrer les enjeux du pouvoir et du contrôle que tous les enfants s’efforçaient de comprendre. Impliquer les enfants dans la démarche de résolution de problèmes nous a tous outillées et sécurisées et a engendré des négociations créatives et favorisé la collaboration des enfants, ce qui n’aurait probablement pas eu lieu dans un autre contexte. Au bout du compte, l’expérience vécue lors de la visite de l’officier Johnson pendant notre activité de rassemblement a donné naissance à une variété de jeux et d’expériences de résolution de problèmes pour les enfants à d’autres moments de la routine quotidienne.

À propos des auteures

Sandy Slack a commencé sa longue carrière en éducation à la petite enfance en tant qu’éducatrice Head Start. Après avoir obtenu une maîtrise en éducation spécialisée à la petite enfance à l’Université George Washington, elle a débuté une carrière de 30 ans à l’intérieur des écoles Lynchburg City (Virginia). En 1991, elle est devenue une formatrice certifiée et une consultante du programme HighScope. Sandy a dirigé les premiers placements d’intégration d’enfants avec des limitations dans les programmes préscolaires locaux. HighScope a publié plusieurs articles écrits par Sandy sur une variété de sujets concernant la petite enfance.

Gerin Martin a obtenu son baccalauréat à l’Université Radford en développement et croissance humains, avec une concentration en éducation et administration en centre à la petite enfance. Elle a enseigné dans une prématernelle privée à Lynchburg, Virginia, pendant sept ans. Durant ce temps, Gerin est devenue une éducatrice certifiée HighScope et a été la première éducatrice à collaborer avec les écoles Lynchburg City dans l’élaboration d’une classe d’intégration d’enfants préscolaires présentant des limitations. Gerin a reçu sa maîtrise du Collège Lynchburg en éducation spécialisée à la petite enfance et travaille actuellement en tant qu’éducatrice spécialisée aux écoles Lynchburg City. Elle assiste également des enfants d'âge préscolaire avec limitations dans des placements en milieu communautaire.